lundi 19 février 2007

LECTURES








John Burroughs, Les yeux perçants, La Brèche, 2006


« Avril, à son plus beau moment, est la plus tendre des salades tendres. La pointe acérée de la pousse d’herbe est son symbole. Les sens - la vue, l’ouïe, l’odorat - ont faim de ces témoignages délicats et presque spirituels, autant que le bétail est avide de brouter ses prés.
Comme il nous émeut, nous rendant tous ensemble heureux et tristes ! Les chants des premiers oiseaux, des migrateurs, les nuées de pigeons traversant le ciel ou envahissant les bois, la corne elfique de la première abeille qui s’aventure loin au milieu du jour, la note claire des petites grenouilles dans les marais au couchant, le feu de camp dans les érables à sucre, la fumée que l’on voit de loin s’élever au-dessus des arbres, la nuance de vert qui soudain colore pentes et monticules ensoleillés, la limpidité parfaite des ruisseaux, le soleil qui croît et réchauffe - combien l’oreille et l’œil ardents remarquent ces choses et tant d’autres qui leur ressemblent !
Je suis né un mois d’avril et je renais à de nouveaux délices, à de nouvelles surprises chaque fois qu’il revient. Son nom me ravit d’un charme indescriptible. Ses deux syllabes font penser à l’appel des premiers oiseaux, telle la moucherolle phebi ou la sturnelle des prés. Ses neiges elles-mêmes ont un pouvoir fertilisant ; on les appelle l’engrais du pauvre. »

John Burroughs (April, 1877)

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