dimanche 10 février 2008

Paysage vénitien : le nom des rues

On peut rapporter de Venise des milliers d'images. "On" ne s'en prive d'ailleurs pas. Tout est si beau. Mais il y a, pour le piéton de Venise, la musique inoubliable du nom de ses rues et leur empreinte graphique. On pourrait dénombrer les différentes manières de nommer un lieu : campo, fondamenta, salizada, rioterra, sotoportego.... Souvent, nous avons le choix : " Riotera dei biri o del parsemolo". Ce n'est pas une interrogation, c'est comme on préfère! Les noms des rues sont peints à même les murs dans un rectangle blanc cerné de noir, (on les appelle nissioeti ou nizioleti), et parce que je cherchais sans fin mon chemin, ils m'ont imprégnée et réveillent dans ma mémoire la trace vivante de ce qui fut alors ressenti, plus surement sans doute que n'importe quelle magnifique photo.

NE PAS CLIQUER SUR L'IMAGE. CECI EST UN DIAPORAMA


jeudi 7 février 2008

Brissago, rêve de jardin



Je n'ai jamais bien su ou se trouvait le Tessin. D'abord, il faut être informé de son existence. C'est par le magnifique livre "Les promenades de Hermann Hesse"- qui y vécut 50 ans- que j'ai fait connaissance avec cette région. C'est dans ce livre que je feuillette régulièrement, que le Tessin est venu jusqu'à moi, auréolé de mystère, à travers les aquarelles de Hesse et les superbes photos du livre. Pourtant, je ne pouvais toujours pas le situer : les cartes de Suisse ne me montraient que la Suisse, et celles de l'italie seulement l'Italie. les cartes d'europe étaient trop vastes. C'est que le Tessin est à la croisée des chemins, enclavé par les montagnes.


Photos CP
C'est un autre livre, de l'écrivain australien Robert Dessaix, Night letters, Lettres de Venise, qui me fait aujourd'hui rêver au Tessin, et plus particulèrement à un jardin, celui des îles Brissago.


p.47 : Locarno

"Le lieu est d’une beauté bouleversante, écrasante presque. En sortant de la gare, je descendis la colline, ma valise à la main, pour aller jusqu’au bord du lac m’asseoir sur la digue….
Peut-être était-ce à cause du soleil ou des fleurs de magnolia, ou parce que j’avais retrouvé la chaude odeur de la terre, j’eus la sensation de m’être réinstallé dans mon corps."



p. 52
Ainsi, nous nous mîmes d’accord pour nous retrouver dans ce qu’elle appelait le jardin d’herbes aromatiques, dans l’Isola Grande, à onze heures. « Vous allez traverser l’île, à partir du débarcadère, passer devant tous les bosquets de bambous, les bananiers et un tas de plantes qui ont l’air venues de l’Himalaya, et vous le verrez qui avance dans le lac. C’est un tout petit jardin entouré de murs, avec un ravissant bassin carré au milieu, c’est un endroit parfait pour s’asseoir s’il y a du soleil. Et je suis sûre qu’il y en aura. » Et il faisait beau naturellement. C’est presque toujours le cas au paradis.

L’île est petite, et il ne m’avait pas fallu plus de quelques minutes pour la traverser et arriver à destination. J’avais remonté le monticule vers le pavillon, j’étais redescendu à travers des bosquets de rhododendrons, de palmiers et de figuiers birmans pour arriver jusqu’au jardin muré qui s’avançait dans le lac. …Tout paraissait d’une beauté sans défaut….


Avec son bassin et ses gradins, ses parterres rectangulaires et ses cascades de lierre autour des petites brèches qui ouvraient sur le lac...

Nous voici donc à Brissago, dans le jardin botanique ou le narrateur va se faire raconter l'histoire extraordinaire de sa première propriétaire, entourée des rumeurs les plus folles...

Ecoutons le discours du guide :

"La partie inférieure du village situé du côté suisse du Lac Majeur, la plus ancienne, s'est développée autour d'une belle église de la Renaissance, "San Pietro et Paolo", entourée de cyprès centenaires. Le long des ruelles étroites qui descendent vers le bord du lac, on ne manquera pas d'admirer des jardins où les citronniers, les orangers, les cèdres poussent en plein air, côtoyant quelques très belles demeures patriciennes.



A Brissago, on peut visiter le Parc botanique des Iles de Brissago, constituées par l’Isola Grande et la petite Ile ; la première est appelée San Pancrazio : ici se dresse un palais néo-classique ; la deuxième, appelée Sant’Apollinare, conserve les ruines de l’église paroissiale romane du même nom qui est édifiée là où il y avait un temple dédié à Vénus, elle n'est pas accessible au public. Sur la petite Ile, on trouve des vestiges de l'époque romaine. Des restes de murs d'une église médiévale (1250 environ) présentent des fresques de style roman.



Outre sa fabrique de tabacs et de cigares, Brissago est connu pour ses îles qui semblent être, vues d'en haut, deux taches vertes posées sur le bleu du lac. De 1885 à 1928, la baronne Antonietta Saint-Léger, russe d'origine allemande y aménagea un jardin botanique à l'image d'un paradis terrestre. Elle crée le Jardin Exotique sur la Grande Ile. Elle fait des Iles un lieu où se donnent rendez-vous des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des écrivains.
Elle catalogue toutes les plantes qui y sont cultivées dans son journal publié en 1913 à Londres ("The vegetation of the Island of St. Leger in Lago Maggiore"). Elle perd toute sa fortune et vend les îles en 1927 à un riche commerçant hambourgeois, Max Emden qui fait construire le palais, le port et le "bain romain" tels qu'on les voit aujourd'hui. En 1949, les Iles de Brissago deviennent propriété du Canton du Tessin. Aujourd'hui, les plantes sont encore là : le cinnamome d'Himalaya qui embaume le camphre,



le glaïeul de Madagascar, le cyprès chauve des marécages nord-américains et son tronc immergé dans l'eau et tant d'autres espèces exotiques encore. C'est le plus beau jardin botanique de Suisse avec près de 16000 (ou 1600, les avis divergent !) espèces exotiques d'origine subtropicale, cultivées en plein air qui proviennent de zones aussi diverses que la Méditerranée, les régions subtropicales de Chine, la Corée et le Japon, l'Afrique du Sud, l''Amérique du Nord, centrale et du Sud, l'Australie et quelques îles d'Océanie.
On y accède par bateau depuis les localités du rivage (ligne régulière de la compagnie de navigation). Heures d'ouverture : Fin mars à fin octobre, 9h-18h



Les îles de Brissago, bénéficient du climat le plus agréable de toute la Suisse et peuvent être admirées sous leur meilleur angle depuis Ronco s/Ascona, petit village baigné de soleil, agrippé à la colline et dont l'église San Martino domine tout le paysage. Parsemée de villas luxueuses, la colline située entre Ronco et le Monte Verità, en dessus d'Ascona, offre une très belle promenade panoramique. Ici, particulièrement au cours des lumineuses journées hivernales et printanières, l'on découvre toute la fascination du Midi : les mimosas et les agaves poussent entre les murs et la vue sur le lac est d'une rare beauté. Tous les matins à 7h30 les jardiniers quittent le port de Ronco pour se rendre sur les îles Brissago, langue de terre à la merci des humeurs du lac majeur et de la météo".

Mais Brissago et Ascona recèlent encore bien des surprises. Je rêvais de plus en plus fort lorsque je découvris un documentaire récent sur la région. Et mon rêve se fracassa, vaincu par la trivialité de l'image et la fréquentation des lieux. La littérature, c'est quand même autre chose... Je ne sais pas si j'irais à Brissago, petit St-Trop comme il en existe des dizaines d'autres, un cadre d'une beauté à couper le souffle "avec vue imprenable".
Photos Internet

Un très joli blog que je viens de découvrir, avec des adresses récentes


Le documentaire, dont je vous propose la première partie vous permettra d'approcher l'histoire de la région et l'effervecence intellectuelle qui était sa marque...il y a très longtemps.


DOLCE VITA AU LAC MAJEUR 1/3

Vous pouvez voir la suite sur Dailymotion en 2 parties.
CP